Marie-Antoinette Navarro 
La Famille Bélier, film de 2014 réalisé par Éric Lartigau, aborde un sujet sensible et peu exploré dans le cinéma français : la vie d’une famille dont les parents sont sourds, tandis que la fille, Paula, est entendante. Bien que l’idée de mettre en lumière la culture sourde et de traiter des enjeux de communication au sein d’une famille soit louable, l’exécution du film laisse à désirer sur plusieurs aspects.
Une représentation stéréotypée des parents sourds
L’un des points les plus problématiques du film est la manière dont les personnages sourds sont représentés. Les parents de Paula, incarnés par François Damiens et Karin Viard, sont dépeints comme des « campagnards peu instruits ». Cette caractérisation simpliste renforce des stéréotypes dévalorisants et ne reflète pas la diversité des expériences au sein de la communauté sourde. Leurs difficultés à s’intégrer dans la société entendante sont exagérées voir moquer , ce qui peut contribuer à alimenter une vision négative des personnes sourdes. Dans la réalité, de nombreux individus sourds sont bien éduqués et mènent des vies riches et variées, et cette richesse est largement ignorée dans le film.
Les enjeux liés à la langue des signes
Un autre aspect critiquable est la façon dont la langue des signes est intégrée au récit. Les acteurs, bien que talentueux, ne sont pas tous signants, et cela se ressent dans leur interprétation. Les scènes de langue des signes sont souvent filmées de manière à rendre la compréhension difficile pour le spectateur signant. Les angles de caméra choisis manquent de clarté, et les plans rapprochés sur les visages des personnages sont parfois trop rapides, ne permettant pas d’apprécier pleinement la richesse de la communication visuelle. Cela crée une barrière pour les personne sourdes signante Au lieu de la présenter comme une langue dynamique et expressif, le film semble la traiter comme une simple curiosité, reléguant ainsi son importance.
Les enjeux de l’inclusion et de la représentation
De plus, le film ne traite pas suffisamment des enjeux liés à l’inclusion des personnes sourdes dans la société. Les interactions de Paula avec le monde extérieur mettent en lumière ses frustrations, mais peu d’attention est accordée à la manière dont ses parents vivent ces défis. Leurs interactions avec d’autres personnages, souvent marquées par l’incompréhension et la moquerie, renforcent une vision victimisante des sourds, plutôt qu’une célébration de leur culture et de leur résilience. La mise en avant de la langue des signes et des éléments culturels propres à la communauté sourde aurait pu enrichir le récit et offrir une perspective plus nuancée.
Conclusion : Un film pour les entendants
En somme, La Famille Bélier présente une idée intéressante et nécessaire, mais l’absence d’une véritable représentation de la culture sourde et la mauvaise intégration de la langue des signes en font un film principalement destiné aux entendants. Ce choix de production montre que, malgré des intentions louables, le projet semble conçu par des entendants pour des entendants, ce qui est regrettable. Pour un vrai changement de perception et une meilleure inclusion, il serait souhaitable que des films comme celui-ci soient développés en collaboration étroite avec la communauté sourde. Cela garantirait une représentation authentique et respectueuse, permettant ainsi de faire avancer le dialogue et la compréhension entre les deux mondes.
Pas un mauvais film en soi, il se laisse regarder, mais un film normalement fait pour représenté les sourds devrait faire plus attention à être accessible ! Le cinéma devrait s’efforcer de refléter la diversité et la richesse des expériences humaines, et non de s’enfermer dans des clichés stéréotypés.